Un petit blog sur l'aviation

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Sully, le film!

Avec Sully, en salle le 30 novembre, Clint Eastwood retrace l’histoire vraie de l’amerrissage forcé d’un Airbus sur le fleuve Hudson, à New York, en 2009… et s’essaie au film d’aviation. Enquête sur un genre populaire qui nous fascine. Attachez vos ceintures ! Une salle de cinéma est un avion immobile. On y achète un billet. Puis on s’assoit à côté d’inconnus pour un voyage statique de deux heures, les yeux rivés sur le gigantesque hublot carré. Pour les futurs millions de spectateurs de Sully, le nouveau film de Clint Eastwood (en salle le 30 novembre), la comparaison prend tout son sens. Tom Hanks incarne le commandant de bord Sully, qui décide de poser son avion et ses 155 occupants sur un fleuve le 15 janvier 2009. Cette reconstitution fidèle de l’amerrissage du vol 1549 de l’US Airways sur les eaux glaciales de l’Hudson, à New York, est filmée par des caméras à 180 degrés. Dans certains complexes comme le futuriste Pathé d’Ivry-sur-Seine, près de Paris, l’écran est en demi-cercle. La salle, un cockpit géant. En 1896, les frères Lumières projetaient à Paris L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat. Cent vingt ans plus tard, c’est un avion qui fera frémir les Français. Ce n’est pas la première fois que le 7e art nous envoie au 7e ciel. Le cinéma surfe depuis longtemps sur les stratus du succès : Air Force One, avec Harrison Ford (1997), Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (1980), Flight Plan, avec Jodie Foster (2005), Vol 93, sur le 11-Septembre (2006), Les Amants passagers de Pedro Almodovar (2013)… « Ça n’a l’air de rien, mais une bonne histoire, c’est un héros qui doit aller d’un point A à un point B et qui en est empêché, analyse Philippe Lasry, responsable du département scénario de la Fémis (l’ENA du cinéma). L’avion permet ça. Au sens propre. » Dans Air Force One, par exemple, des terroristes embarquent dans l’appareil du président des Etats-Unis. Ils détournent le vol et le destin des héros. L’avion présente les mêmes caractéristiques que le train ou le bateau, autres lieux de prédilection des réalisateurs. « C’est une tragédie grecque », ose Philippe Lasry. Et la première règle de la tragédie classique, c’est l’unité de lieu. Sont rassemblés au même endroit tous les personnages. Si possible, un échantillon de la société : une famille modèle, un homme d’affaires, un étudiant prometteur, un amoureux pressé de rejoindre sa dulcinée… Un bon moyen de permettre à tous les spectateurs de se reconnaître. Métaphore sociale classique. Dans Lifeboat (1944), Alfred Hitchcock fait quant à lui cohabiter dans un canot de sauvetage des personnages d’origines différentes qui vont devoir survivre. Autre impératif du genre ? L’unité de temps. Dans l’Antiquité, l’action ne devait pas excéder « une révolution de Soleil » (une journée), selon Aristote. A ce jeu-là, les Airbus et autres Boeing sont imbattables ! Décollage, atterrissage, calcul des vents… Tout est chronométré. « Un véritable compte à rebours », ajoute Philippe Lasry. Dans un avion, le temps s’écoule à l’envers : les minutes restantes s’affichent sur les écrans. De quoi structurer la narration, dynamiser l’action et magnifier le suspens. L’oiseau d’acier tourne autour de la Terre quand elle-même évolue en périphérie du Soleil. Dans ce théâtre suspendu se joue le destin de nos pairs. Un cocktail relevé par un autre ingrédient : en altitude, le faux pas n’est pas permis. On ne survit presque jamais à un crash. En avion, la vie ne tient qu’à un filet d’air. Les enjeux dramatiques sont exacerbés. Vol 93 raconte les dernières minutes des héros qui se sont sacrifiés le 11-Septembre pour éviter que le quatrième appareil n’atteigne sa cible.

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